L'échec est l'occasion de recommencer avec plus d'intelligence. ♪ Zaphyr

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L'échec est l'occasion de recommencer avec plus d'intelligence.

Aujourd'hui, j'ai rendez-vous avec Zoey, pour boire un café avant le service de ce soir. Voilà une dizaine de jours que nous nous sommes vus la dernière fois. J'ai mit un peu de temps à me recentrer sur moi-même, essayer de passer à autre chose.
En effet, dix jours auparavant, j'apprenais les fiançailles de mon ex, avec son petit-ami. Du moins, c'est ce que je croyais en voyant une photo des deux tourtereaux. La jeune femme m'avait néanmoins certifié avoir dit non, et j'ai finis par la croire. Pourtant, j'ai prit la décision que nous devions arrêter de nous courir après, et de s'en tenir à être de simple amis.
Zara m'a beaucoup aidé ces derniers jours, comme Zandra. J'ai eu besoin de me remettre doucement sur le fil, sur lequel je marche constamment. J'ai malheureusement tendance à un peu trop vacillé d'un côté ou de l'autre. Je sais que je suis instable psychologiquement, et qu'un rien est capable de me faire replongé. J'ai beau avoir changé, on n'efface pas des années de toxicomanie en quelques mois. Le travail serait long, m'a informé mon psychiatre.

Aujourd'hui, j'ai reçu un message de la jeune femme qui me demandait si j'étais toujours d'accord pour aller boire un café avec elle, et qu'également, une surprise m'y attendait. D'ordinaire, j'aurais été impatient de retrouver Beckett, juste par curiosité sur ce qu'elle me réservait. Mais là, j'ai un peu d'appréhension. J'ai peur qu'un blanc malaisant s'installe entre nous, qu'on ne sache pas quoi se dire...
La sonnerie du téléphone fixe de mon bar me sort de ma rêverie. Ca doit être le livreur de boissons. Je décroche rapidement. Bingo, c'est lui. Je sors du bureau, et vais jusqu'à l'arrière du bar pour ouvrir la porte. Je l'aide à décharger son camion des nombreuses caisses de vide, et fûts de bière. Nous voilà fin prêt pour le week-end.

○○○

Je jette un oeil à ma montre, si je continues comme ça, je vais être en retard. Je me suis laissé aller à ranger la livraison de boissons, puis je me suis occupé de faire toute la RH, et ainsi que les payes, comme ça nous serons tranquille. Une bonne chose de faite comme on dit.
J'arrive au niveau de ma voiture, une magnifique Ford Mustang GT, la toute dernière. J'ai toujours été attirer par les belles voitures, d'autant plus depuis que je gagne bien ma vie. Je crois que je suis devenu un peu trop dépensier...

Je finis par arriver devant le Dolorès, et me gare juste devant. J'espère ne pas être trop en retard... Je reste devant le café, allumant une cigarette. J'en profite pour écrire à la jeune femme, et la prévenir que je suis devant. Mon estomac se noue à l'idée de la revoir. Je sais que c'est mieux pour nous de rester amis, mais en même temps, je n'arrive pas à me sortir de la tête qu'elle s'endort dans les bras d'un autre...

∞everleigh

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ft. Zaphyr

Il fait un temps absolument magnifique cet après-midi. Même s’il fait un peu frais le soleil est au rendez-vous et j’ai déjà bien profité de sa présence. J’étais allée faire le marché ce matin et j’avais cuisiné la porte fenêtre de la terasse grande ouverte. C’est Alan qui avait été content de trouver son déjeuner prêt et la table mise en rentrant. Nous avons eu peu de temps à partager mais chacun avait raconté ses projets de la journée. Cet après-midi j’avais rendez-vous avec Saphyr et il me paraissait naturel d’en informer mon petit-ami, la situation entre mon ex et moi étant un peu particulière. D’un petit air étonné il m’avait demandé ce que nous allions faire et s’il avait été beaucoup plus attentif que d’habitude pour paraître naturel il avait malgré tout fini par hocher la tête. Je sais que la situation doit paraître un peu bizarre à ses yeux mais il sait aussi que je prends toujours mes propres décisions quand il s’agit de ma vie et qu’il n’a pas à y interférer. Je l’encourage malgré tout toujours à me faire part de ses inquiétudes s’il en a mais en ce qui concerne ce sujet Alan ne s’était pas encore exprimé. Je lui laissais le temps dont il avait besoin pour me faire part de ses sentiments.

Après le déjeuner les chiens et moi sommes sortis pour une balade bien méritée. A Mission District j’adorais me rendre au Dolores Park et c’est assise dans l’herbe que je laisse les deux se défouler tandis que je sors mes planches à dessins. Crayon en main je travaille sur le croquis que j’ai entamé il y a déjà plusieurs jours. Mes travaux ces dernières semaines sont très oniriques. Mes inspirations me venaient du plus profond de mon imaginaire. Mes rêves également étaient très nostalgiques et esthétiques bien que farfelus. Je traversais une période créative que j’exploitais dans tous les arts que je pratiquais. Représentant une sorte de monde imaginaire ma planche décrivait la vie quotidienne de héros fantastiques avec lesquels j’apprenais à me familiariser. Peut-être devrais-je partager mes idées avec mon frère, il y aurait peut-être moyen de travailler sur une œuvre commune ?
De temps en temps je prends une pause pour reposer mes yeux et joue avec Francis et Le Chien. L’avantage avec ces deux-là c’est qu’ils se suffisent à eux-mêmes pour ce qui est de s’occuper mais je déborde tellement d’amour pour eux que je ne peux m’empêcher de venir les emmerder. Dans une course poursuite je les défoule un peu dans l’espoir qu’ils soient plus sage lorsque serait venue l’heure de rejoindre Saphyr. Après trois ans sans avoir revu son maître j’imagine la joie que ce sera pour Le Chien de sauter sur lui. Même mon Francis s’était tellement lié d’affection pour lui qu’il sera tout heureux. Sur ces pensées je m’écroule sur l’herbe, avant me me pencher à nouveau sur mon croquis.

Tellement plongée dans mon univers je ne pense pas à regarder l’heure et je suis encore en train de dessiner quand mon téléphone sonne. Un coup d’œil à l’heure me permet de voir que je suis en retard comme me le confirme le SMS de Saphyr. Rapidement je rassemble mes affaires et rappelle Francis et Le Chien avant de prendre la direction de la sortie du parc. J’ai de la chance que le café soit juste à coté. D’un pas rythmé nous remontons un peu la rue et j’aperçois Saphyr en train de fumer quand nous sommes sur le trottoir d’en face. D’un geste je lui fais signe et en faisait attention à ce que les chiens m’obéissent bien nous traversons en courant pour le rejoindre. « Salut » je m’exclame dans un sourire, encore un peu essoufflée. Encombrée je pose mon carton à croquis et mon sac pour pouvoir saluer Saphyr comme il se doit et le serrer contre moi brièvement en embrassant sa joue. « Désolée j’étais juste à côté au parc mais j’ai pas fais gaffe à l’heure. Je suis à fond sur un dessin dont je suis assez fière en ce moment ! » Saphyr a l’habitude que je sois en retard mais c’est la moindre des politesses de m’excuser. « Regardes qui j’ai ramené !» je ris tandis que les chiens tournent autour de Saphyr, lui faisant sa fête. Le laissant profiter de ses retrouvailles je profite de cet instant pour lui demander « je peux te tirer une taff ? » J’ai besoin d’une dose de nicotine mais n’ai pas non plus envie de fumer une cigarette entière. Quand Saphyr approuve je récupère donc sa clope et tire dessus en regardant les trois s’amuser comme des p’tits fous. « Je les ai fait se défouler dans l'herbe je t'assure mais ils doivent être trop contents de te voir » Il n’y a rien de plus beau que d’assister à des retrouvailles.

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Je suis stressé à l'idée de revoir Zoey. Les choses ne devaient pas se passées comme ça, dans ma tête. Enfin, à la base, j'étais loin de me douté que je retomberai sur la jeune femme en revenant à San Francisco. Je ne pensais même pas la revoir un jour à dire vrai.
A présent, je me dois d'aller de l'avant. Après-tout, elle a trouvé un homme bon pour elle, un homme qui sait lui donner ce que je ne peux pas. Même si je la connais par coeur, et que je sais qu'elle n'est pas totalement à lui, je m'incline, et je lui cède la place. Si je reste trop près d'elle, je sais qu'il ne l'aura jamais totalement, elle sera toujours aussi indécise, alors j'ai choisi pour elle.

Et pourtant, me voici, devant ce café, à attendre mon ex petite-amie. Je tire sur ma cigarette, regardant autour de moi pour apercevoir la jolie brune. Un léger sourire m'échappe des lèvres lorsqu'elle me fait signe, et mon coeur ne peux s'empêcher de s'emballer. Elle traverse la route avec prudence, et mes yeux se portent sur Francis, et Le Chien, qui ne tardent pas à me faire la fête. Voilà ma surprise. Mes chiens.
Zoey me serre dans ses bras, ses lèvres touchent ma joue, et j'esquisse un mince sourire, lui rendant son baiser, alors que deux pattes s'appuient sur ma jambe.

- Désolée j’étais juste à côté au parc mais j’ai pas fais gaffe à l’heure. Je suis à fond sur un dessin dont je suis assez fière en ce moment ! Regardes qui j’ai ramené ! Mon sourire ne me quitte plus, alors que mes yeux vont et viennent de la jeune femme, aux chiens.
- Je te rassure, j'ai faillis être en retard aussi. Et c'est ce qui est beau avec nous. Nos retards mutuels, on arrivait presque à être en retard en même temps à l'époque. Mais aujourd'hui, ma nervosité m'a poussé à arriver pile à l'heure, pour une fois. J'ai envoyé les payes au comptable d'ailleurs. Dès que je reçois les fiches, je vous les verse. J'en profite pour lui glisser rapidement l'information. Je n'ai jamais été en retard sur les payes, mais sait-on jamais.

Zoey demande à tirer sur ma cigarette, et je la lui tend, en profitant pour me baisser enfin, et caresser les chiens. J'aurais presque les larmes aux yeux à les revoir depuis si longtemps, surtout Le Chien, que j'ai recueillit en arrivant à San Francisco, il était encore si petit. J'embrasse d'ailleurs son museau, alors qu'il ne se fait pas prier pour me lécher la joue, déclenchant mon rire.

- Je les ai fait se défouler dans l'herbe je t'assure mais ils doivent être trop contents de te voir. Je relève les yeux, et souris de nouveau.
- Merci de les avoir emmené. Ils m'avaient manqué. J'avoue en caressant Francis, bien que Le Chien le pousse légèrement, remuant la queue. Vous avez retrouvé papa mes amours. C'est trop bien ça... Je souris, et me relève enfin, passant mes mains sur mes vêtements pour retirer la poussière dessus. On va boire ce café alors ? Je demande, mes yeux ne quittant plus mon ex à présent. Archie ne t'a pas trop fait de crise de jalousie que tu viennes me voir ? Je lance, essayant de ne pas trop paraître ironique. D'ailleurs, je crois même que je me suis trompé de prénom, mais je m'en tape. Pourtant, j'essaie d'être le plus courtois possible quand j'évoque ce cher monsieur.

On se retrouve dans le café, et je cherche une table avec un peu de place pour que les chiens puissent être à leur aise. Je m'assois aux côtés de Zoey, passant un bras sur le dossier de la banquette derrière elle. Je ne sais pas comment me tenir à ses côtés. C'est tout nouveau pour moi, et pour elle aussi, certainement. Je crois que nous n'avons jamais eu l'occasion de passer par la case "amis", on a directement atteint l'étape "amant", lorsque nous nous rejoignons pour de folles nuits, ou après-midi, ou matins, brefs. Quand nous en avions l'occasion. Je me demande si elle fait pareil avec Alex, ou Archie, ou Alan, peut importe.

- Alors, comment vas-tu, Zoey ? Une question simple, mais qui signifie que je veux tout savoir. Je veux savoir comment elle va, comment elle se sent, ce qu'elle ressent depuis la dernière fois où nous nous sommes vus. Cette fois où mon coeur s'est brisé quand j'ai cru qu'elle allait épouser un autre homme que moi. Je crispe la mâchoire quand je repense à ce moment-là, j'étais tellement fragile, au bord de la crise. Je sais que je n'aurais pas pu empêcher ça, si elle avait vraiment voulu épouser ce type. Mais qu'est-ce que j'aurais fait ? Zoey Beckett est mon point sensible. Mon fucking point sensible. Ma corde raide.
Et si avant, elle ne savait me résister, me voilà aujourd'hui, en pleine friendzone.

∞everleigh

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Fidèle à moi-même j’arrive en retard comme toujours. Comme quoi il y a des choses qui ne changent pas. Le pire c’est que je le fais même pas exprès ! Je sais pas comment je me démerde. Je n’ai jamais le reflexe de regarder l’heure à moins d’avoir un rendez-vous pro. Bien que Saphyr connaisse bien ce travers chez moi je m’en excuse. Lui avait bien fait l’effort d’être là à temps après tout et je culpabilise un peu. Machinalement je me débarrasse de tout mon attirail qui pèse une tonne avant de serrer le jeune-homme brièvement contre moi pour le saluer. Son visage s’illumine à la vue des chiens et je suis plutôt contente de l’idée que j’avais eu de les amener avec moi. Tandis que j’assiste à leurs retrouvailles nous échangeons des banalités concernant le Vilkas et je fais signe à Saphyr qu’il n’a pas de soucis à se faire pour les payes en ce qui me concerne. Maintenant que l’établissement roulait bien lui comme moi avions la chance de pouvoir nous dégager un salaire correct depuis presque deux ans.
Le Chien manque presque de faire tomber son compagnon en lui léchant la joue ce qui déclenche une joie générale suivie d’éclats de rires. « Merci de les avoir emmenés. Ils m'avaient manqué. » « C’est normal. Et puis je savais que ça te ferait plaisir. » Faire le bonheur de Saphyr ne devrait plus faire parti de mes priorités mais il faut croire qu’il y a certaines habitudes que j’ai encore du mal à laisser tomber. Mon geste m’avait semblé inconscient mais je n’en suis plus si sûre à présent. « Archie ne t'a pas trop fait de crise de jalousie que tu viennes me voir ? » Mon sourire disparait pour laisser place à une expression d’incompréhension totale. Il me faut quelques secondes avant de comprendre qu’il fait allusion à mon petit-ami. « Oh, tu veux dire Alan ? Non il a pris la nouvelle très calmement en fait. » Je ne m’épanche pas plus sur mes inquiétudes quant au mutisme de celui qui partage ma vie quant à la situation. Il est hors de question que j’importune Saphyr avec mes histoires de couple. « Parlons plutôt d’autres chose. On est d’ailleurs pas obligé de parler de lui du tout à l’avenir, j’ai pas envie de te mettre mal à l’aise. » Je guette la réaction de Saphyr suite à mes paroles avant qu’il ne m’emboite le pas à l’intérieur.

Dans le café nous choisissons une table où nous avons de l’espace. Alors que je m’installe sur la banquette Saphyr vient s’assoir à mes côtés. C’est une habitude que nous avions à l’époque où nous étions ensemble. De cette manière il était plus simple de nous prendre dans les bras l’un de l’autre. Nous avions toujours été plutôt tactiles mais dans les circonstances actuelles la situation me fait un peu bizarre. Je m’en accommode rapidement malgré tout me tournant juste dans la direction du jeune-homme pour pouvoir lui parler lorsqu’il me demande comment je vais. « Ça va. J’ai eu des hauts et des bas ces derniers jours mais je vais bien. » Le serveur nous interrompt pour prendre notre commande et je choisis un cappuccino avant de regarder à nouveau Saphyr. « On a de quoi faire au centre en ce moment avec Ethan. Les jeunes sont de plus en plus nombreux. On essaie de donner les bonnes directives aux bénévoles c’est pas toujours évident et ça demande du boulot. Tu parlais du Vilkas tout à l’heure je voulais justement aborder le sujet moi aussi. Tu as l’air de bien reprendre tes marques depuis que t’es revenu. Est-ce que ça te dérangerait si j’étais un peu moins présente ? Je pense que c’est mieux qu’on ait un peu d’espace tous les deux pour le moment et je dois t’avouer que je suis complètement débordée. » En aucun cas je ne voulais que Saphyr se sente délaissé mais vu la décision qu’il avait pris pour nous deux il y a maintenant dix jours je pense qu’il sera d’accord avec moi. « On a quelques soucis avec l’un des gosses du quartier en plus de ça. Je crois qu’il va falloir que je gère ça personnellement et ça me fait un peu peur. Mais je m’inquiète pour lui. » Dans un soupir je regarde à travers la vitre. L’angoisse fait que je me ronge un ongle.

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- Archie ne t'a pas trop fait de crise de jalousie que tu viennes me voir ? Je ne sais même pas pourquoi je pique Zoey avec son petit-ami. Bon... Je l'ai encore en travers de la gorge qu'elle m'aie abandonné pour lui, mais d'un côté, c'est aussi moi qui ai décidé de tout arrêter, de stopper ce jeu malsain entre nous. Après-tout, cela ne fait que peu de temps que j'essaie de digérer la nouvelle, même si j'essaie de m'en accommoder. Je fais la fête pour oublier, beaucoup la fête peut-être, je l'admet.
- Oh, tu veux dire Alan ? Non il a pris la nouvelle très calmement en fait. Parlons plutôt d’autres chose. On est d’ailleurs pas obligé de parler de lui du tout à l’avenir, j’ai pas envie de te mettre mal à l’aise. Ma chère Zoey, si tu savais comme je m'en tape de ce type, de savoir s'il va bien, s'il prend bien les choses. Il va falloir qu'il m'accepte dans ta vie, qu'il le veuille ou non.

Je m'arme d'un sourire désabusé, mais ne répond rien, me contentant d'entrer dans le café. Une fois la table choisie, je m'installe aux côtés de la jeune femme, comme j'avais tant l'habitude de faire, bras derrière elle. Je ne la lâche plus des yeux à présent, elle est tellement... elle. Oui, elle. Juste elle. Je crois même que je me surprend à la dévorer des yeux.
- Alors, comment vas-tu, Zoey ? Je demande, une simple question qui en cache bien d'autres encore.
- Ça va. J’ai eu des hauts et des bas ces derniers jours mais je vais bien. Je me pince les lèvres, alors que le serveur arrive pour prendre notre commande. Je lui demande un double expresso pour ma part, et me reporte sur mon ex petite-amie. On a de quoi faire au centre en ce moment avec Ethan. Les jeunes sont de plus en plus nombreux. On essaie de donner les bonnes directives aux bénévoles c’est pas toujours évident et ça demande du boulot. Tu parlais du Vilkas tout à l’heure je voulais justement aborder le sujet moi aussi. Tu as l’air de bien reprendre tes marques depuis que t’es revenu. Est-ce que ça te dérangerait si j’étais un peu moins présente ? Je pense que c’est mieux qu’on ait un peu d’espace tous les deux pour le moment et je dois t’avouer que je suis complètement débordée. Et là, c'est comme un gros coup de massue que je me reçois en pleine tête. Ma seule occasion, mon seul vrai prétexte de voir la jeune femme était Le Vilkas, et voilà qu'elle veut s'en éloigné. Je marque un léger temps d'arrêter, juste pour savoir comment réagir, pour réfléchir à mes mots, poser le pour, et le contre, et tout ça en une fraction de seconde. On a quelques soucis avec l’un des gosses du quartier en plus de ça. Je crois qu’il va falloir que je gère ça personnellement et ça me fait un peu peur. Mais je m’inquiète pour lui.
- Pas de problèmes. J'ajoute, essayant de ne pas paraître trop déçu. Je veux que tu fasses attention à toi, d'accord ? Surtout suivant les soucis qu'il a. Je la reconnais bien, ma Zoey, toujours prête à tendre la main à son prochain. A vouloir aidé, quitte à se mettre elle-même dans la merde. Ayant été un jeune à problèmes, si je peux aidé... J'en connais pas mal sur le sujet. Lançais-je avec un sourire amusé. J'en rigole enfin de mon passé, mais ce n'était pas une mince à faire.
Le serveur arrive avec nos boissons, et je le remercie brièvement, alors que Le Chien lui tourne autour. Je me penche vers celui-ci, et attrape son collier pour le tirer doucement vers moi.

∞everleigh

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Saphyr et moi nous retrouvons à peine que le prénom d’Alan est évoqué. Je ne prends même pas garde au ton ironique du jeune-homme tout d’abord, essayant plutôt de comprendre qui est le Archie dont il me parle. C’est pourquoi je lui avais répondu aussi naturellement une fois avoir capté qu’il était question de mon petit ami. Pourtant je n’ai pas vraiment envie de parler de lui. C’est notre premier tête-à-tête depuis notre dernière dispute et envenimer les choses est la dernière chose que je souhaite. Je ne suis d’ailleurs pas sûre que parler d’Alan en présence de Saphyr soit une bonne chose tout court pour l’avenir si bien que je propose de ne plus l’évoquer du tout. Devant l’absence de réponse de la part de Saphyr, je prends donc cette décision pour nous. En ce qui me concerne je ne prononcerais plus son nom. Je suis fatiguée des disputes et des provocations.

A l’intérieur du café, je prends mes aises. Une fois l’étonnement de voir Saphyr se poser à mes côtés passé, je quitte ma veste et finis par me tourner vers lui. C’est naturellement que nous engageons la conversation. La question du jeune-homme a beau être des plus banales, elle appelle tout un tas d’interrogations auxquelles je suis ravie de répondre. En fait je me prends même facilement au jeu. Aucune gêne ne vient interférer ce moment en ce qui me concerne. C’est si facile d’échanger des banalités avec Saphyr comme au bon vieux temps. Je sens d’ailleurs le jeune-homme suspendu à mes lèvres, le regard posé sur moi. C’est seulement lorsque j’évoque le Vilkas qu’il a un mouvement de recul. Il est à peine perceptible mais je connais assez bien Saphyr a présent pour reconnaître lorsque quelque chose le contrarie. En l’occurrence ici ce sont mes projets de m’éloigner de notre lieu de travail commun qui l’inquiète. A ses paroles pourtant je sens qu’il essaie de contrôler ses émotions. D’un sourire je tente de le rassurer. « Les lundi, mardi sont calmes au centre, je pensais bosser avec vous ces jours-là. C’est pas les services les plus chargés je sais mais ça laissera le temps aux équipes de se remettre des week-ends qui sont assez intenses. T’en penses quoi ? » Avoir son avis est important pour moi. Mes emplois du temps bouleversaient déjà souvent les plannings à l’époque des débuts du bar mais il est vrai que la vie de comédienne est difficile à allier à une autre profession. Du côté des planches je n’avais pour l’instant aucun projet mais me mettre d’accord avec Saphyr me paraît nécessaire. « Dans tous les cas je passerais toujours boire mon café et vous faire coucou de temps-en-temps. Et puis tu pourras m'appeler en cas de besoin. »
La conversation prend ensuite un nouveau tournant quand j’évoque un problème avec l’un de mes élèves. Saphyr ne peut s’empêcher de se montrer protecteur et sa réaction me fait plaisir. Il est vrai que j’ai parfois tendance à m’oublier quand je viens en aide à quelqu’un. C’est le cas avec mes proches en tout cas mais je pense que dans ces circonstances je parviendrais à rester plus neutre. Nos consommations arrivent et invitée à m’épancher j’explique un peu mieux la situation. « C’est un gamin de mon groupe. Il s’appelle Elias et il a 9 ans. En temps normal c’est un tchatcheur mais de temps en temps il a des phases où il se renferme et ne dit pas un mot. Au début je mettais ça sur le compte de petites contrariétés à l’école mais je sais pas… Il a l’air vraiment malheureux comme les pierres. J’ai essayé de l’inviter à se confier plusieurs fois mais rien à faire. Pourtant dans son regard tu ne peux que percevoir sa détresse. » Je soupire et dépose mes mains sur ma tasse à café, un geste que je fais souvent lorsque je suis anxieuse. « Mais c’est pas ce qui m’inquiète le plus. Tu vas dire que je suis peut-être trop pessimiste ou cinglée mais je jurerais que ce gamin est victime de violences. Pas physique, je n’ai jamais vu de trace de coups mais dès que je m’approche de trop près il a un mouvement de recul, chose qu’il n’a pas avec ses camarades. Il se méfie des adultes et je suis sûre que ça cache quelque chose de grave. J’en ai parlé à Ethan hier justement. Il pense que je devrais peut-être voir une assistante sociale mais je sais pas… » Enfin je me tais et relève les yeux en direction de Saphyr, toujours un peu tourmentée.

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- Tu parlais du Vilkas tout à l’heure je voulais justement aborder le sujet moi aussi. Tu as l’air de bien reprendre tes marques depuis que t’es revenu. Est-ce que ça te dérangerait si j’étais un peu moins présente ? Je crois qu'à partir de ce moment-là, c'est comme si d'un coup, mes pieds avaient retouché la terre ferme. J'ai l'impression de me prendre un coup de massue. Ce que je craignais, arrivait petit-à-petit. Zoey me plante, complètement. Amoureusement, ET professionnellement. Je recule légèrement, presque inconsciemment, et retire mon bras du dossier, pour me tourner sur mon café, la mâchoire crispée. Les lundi, mardi sont calmes au centre, je pensais bosser avec vous ces jours-là. C’est pas les services les plus chargés je sais mais ça laissera le temps aux équipes de se remettre des week-ends qui sont assez intenses. T’en penses quoi ? J'esquisse un mince sourire. Lundi et mardi ? C'est du grand n'importe quoi. Je serre ma tasse de café entre mes doigts, et bois une gorgée. Dans tous les cas je passerais toujours boire mon café et vous faire coucou de temps-en-temps. Et puis tu pourras m'appeler en cas de besoin. Voilà qui sonne comme un au revoir. Je tourne les yeux vers la jeune femme, et arbore un large sourire.
- Ne viens plus dans ce cas. Je hausse les épaules, reposant ma tasse. Je n'ai pas besoin de toi au Vilkas. Concentres toi sur le refuge, sur la danse. Tu es libérée de tes fonctions. Après-tout, ils n'ont pas besoin d'avoir leur deux patrons sur les bras. J'ai toujours fait passer Zoey avant tout, et avant tout le monde. Sauf pendant une longue période où je ne savais plus où est-ce que j'en étais. Mais soit. Si elle désire prendre du temps pour son association, grand bien me fasse.

La conversation détourne rapidement sur un de ces jeunes au centre, elle soupçonnerait qu'il soit victime de violences. Malheureusement, je ne connais que trop bien ce genre de situation, et croyez le ou non, j'aurais préféré être un enfant orphelin. Après toutes ces années, mes cauchemars me hantent toujours, beaucoup moins qu'avant, mais ils sont continuellement présents dans ma vie. Je revois sa fureur dans ses yeux, ses coups, la mère défoncée qui ne bougeait pas. J'aurais ces souvenirs toute ma vie, mais j'ai décidé d'aller de l'avant, de vivre avec, plutôt que de me morfondre.
- Avant d'appeler qui que ça soit, il faut que tu sois sûre de ce que tu avances, Zoey. Je hausse les épaules, et repose mon bras sur le dossier. Ce sont de graves accusations, et ça peut se retourner contre toi. Ce que je te propose, c'est que je vienne quelques fois au centre, et que j'observe ce gosse. Je connais le sujet, et je sais reconnaître un gosse battu, ou mentalement perturbé quand j'en vois un. Ma main vient se posée sur son bras dans une infinie douceur. Fais moi confiance d'accord ? Dès demain, je serais au centre. Si c'est bien ça, et que tout les jours il est obligé de vivre avec son bourreau, alors il faut agir vite.

∞everleigh

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Les sourires de Saphyr. Je les connais absolument tous et je sais ce que veut dire chacun d’entre eux. Il y a le sourire heureux et communicatif, le sourire tendre et mon préféré le sourire charmeur. C’était celui-là même qui me faisait toujours littéralement craquer. Mais il y avait aussi le sourire provocateur et le sourire de façade. En ce moment même c’était ce dernier que je pouvais lire sur les lèvres du jeune-homme. Saphyr n’appréciait pas du tout l’idée que je puisse m’éloigner du Vilkas ne serait-ce qu’un peu. En temps normal j’aurais compris sa réaction, il a toujours été possessif mais c’est pourtant lui qui avait voulu que nous repartions sur de bonnes bases. Et pour ça j’avais besoin d’un peu de recul. Lui aussi d’ailleurs mais sûrement ne le réalisait -il pas encore. Pour que ma décision ne soit pas trop dure à avaler je tente d’expliquer que je serais toujours là malgré tout pour le bar et pour le jeune-homme si besoin. Malgré tout je sens au fil de mes paroles que je m’enfonce. Je m’interromps donc. C’est au tour de Saphyr de s’exprimer et de prendre sa décision. Wow je pensais pas que ça me ferait autant d’effet d’être rejetée comme ça. « Libérée de mes fonctions ? Ok. » Un ricanement nerveux franchit mes lèvres. Les termes qu’il utilise sont un peu violents comme souvent quand Saphyr est blessé dans son égo. Je suis vexée et je ne cherche même pas à le cacher. Malgré tout j’encaisse le coup avec panache. « C’est un peu fort comme propos mais c’est un juste retour de flamme. » Je souris d’un air malicieux cette fois. En vérité je ne serais pas étonnée qu’il réagisse ainsi pour moi justement et pour me faire comprendre qu’il me rendait ma liberté.

La pression relachée nous discutons ensuite de l’un de mes élèves du centre et de ses problèmes. Après avoir confié mes doutes et mes inquiétudes j’écoute attentivement les conseils de Saphyr. Ses reflexions me semblent tout à fait fondées et je hoche la tête pour approuver. « J'ai confiance en toi. C'est pas une mauvaise idée. Que ce soit Ethan ou moi on est trop impliqués émotionnellement tu auras plus de recul sur la situation. Et puis tu connais ces sujets. » Ma main se pose par-dessus la sienne un instant sur mon bras, d’un geste tendre et compatissant. L'enfance de Saphyr n'est en effet pas un secret pour moi. Je retire mon geste pour boire une gorgée. « J’espère me tromper et ce que soit quelque chose de moins grave. Mais j’ai vraiment ce pressentiment… Je sais pas comment l’expliquer. Dans tous les cas si on peut le guider vers un psy ou une assistante sociale si c’est vraiment sérieux, je serais rassurée. »

Francis me tire de ma rêverie en venant se frotter à mes jambes et je me penche pour lui accorder une caresse. Je le soulève pour l’installer sur mes genoux. « Mais assez parlé de moi. Dis moi toi comment tu te sens. Et aussi comment va Zara ? Je ne savais pas qu’elle était à San Fransisco avant que tu m’en parles la dernière fois. » L’idée que mon amie soit en visite dans les parages m’enchantait. Le trio pourrait être réuni.

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